A ... M ... Z
Ces ainsi que je les nomme : A, M, Z. Mes troubles.
A est la vision sèche du monde. C’est comme être dans une bulle dont la paroi, gonflée par la colère et la haine, est si épaisse que rien ne peut la traverser.
Les dommages collatéraux ne sont pas rares. Mais lorsque arrive l’implosion, le plus difficile est de ne pas tomber, de rester en vie.
M, c’est le vide. Le vide total. Absence de peine. Absence de joie. Absence d’espace et de temps. Un corps sans âme. Comme un pantin suspendu qui change de décor sans s’en rendre compte.
Et Z, cher Z. L’éveillée.
Cette vision qui me met sous le nez la beauté du monde et de la vie. Celle qui me fait voir que chaque atome qui compose ce monde est à sa place. Celle qui me fait respirer à plein poumon. Celle qui me fait sentir minuscule quand je réalise que le vent qui effleure ma peau à prit naissance à des kilomètres et a traversé je ne sais quelles étendues.
Elles m’ont fait pleurer, souffrir, mourir de l’intérieur encore et encore. J’ai eu peur et j’ai souvent côtoyé la folie.
Mais j’ai aussi connu l’euphorie, la béatitude, la liberté de l’esprit et l’amour inconditionnel.
J’ai appris qu’elles pouvaient prendre le dessus sans ordre précis, sans temps défini. Des heures, des jours, des mois, puis en une fraction de seconde, tout bascule.
Un regard, un mot, un souvenir, une mélodie et c’est la chute, ou la propulsion, ou au pire, le néant.
J’ai essayé de communiquer sincèrement au sujet de choses qui me passionne et qui me fascine, pensant être comme tout le monde, je voulais juste partager.
Ca c’est toujours mal terminé : les regards de travers, les "c’est quoi ton délire ?", "qu’est que tu racontes ?", "qu’est-ce que tu’as fumé ?", on fait l’effet d’un crash de voiture lancé à toute vitesse contre un mur, ou d’un poing lourdement chargé frappant un plein milieu de la poitrine.
C’est souvent à ce moment-là que A prend les rênes.
Aujourd’hui j’accepte.
Je ne suis pas tout le monde, je n’ai pas le même chemin de vie et c’est bien plus palpitant ainsi.